À voir, à écouter, à consulter

Le 6 janvier 2018

Déjà presqu'un an depuis la dernière modification de cette page! Oups... Puisse 2018 être autrement! Alors autant commencer autrement!

 

Petites réflexions incongrues

 

Il y a quelques semaines, j'ai eu l'occasion de trouver sur Internet(1) une information proprement incroyable : l'hélium, considéré comme gaz rare sur la Terre, serait dégagé en abondance par... la germination des graines!

Pour ceux qui ne se rappelleraient pas leurs cours de physique-chimie ou n'en auraient jamais eu, rappelons ici quelques faits scientifiques connus(2).

L'hélium (symbole chimique He) est un gaz extrêmement léger, le deuxième plus léger (le premier est l'hydrogène), inerte. C'est un gaz dit "noble" ou "rare" qui occupe une place particulière dans le tableau périodique des éléments chimiques simples créé par Mendeleïev: première rangée, dernière colonne. Son noyau est le deuxième plus simple, à deux protons et deux neutrons. NB: ce noyau est aussi appelé particule alpha (α) quand il provient de la désintégration d'un corps radioactif. Comme atome, l’hélium est neutre et est donc muni de deux électrons (autant que de protons) travaillant en binôme, ce qui sature les possibilités d'occupation de la première couche électronique (qui est aussi pour lui la dernière, aussi nommée « bande de valence »), ce qui du coup empêche la capture ou la perte d'un électron pour créer un ion et entrer dans des réactions chimiques ioniques (ce point est très important pour la suite). Il acquiert par là ses qualités de stabilité et d'inertie chimique propres aux gaz dits rares. Or, rare il l'est effectivement sur la Terre : moins de six parties par million dans l'atmosphère. C'est pourtant le premier élément chimique complexe synthétisé par les étoiles comme notre soleil à partir des éléments de base qui le composent. Il est donc très présent dans l'univers. Sur Terre en revanche, on ne l'avait détecté jusqu'à présent que dans des poches de roches radioactives où il provenait de la désintégration par radioactivité des matières fissiles du minerai et où il restait prisonnier malgré sa volatilité et son pouvoir de diffusion. Des savants essaient de copier le fonctionnement du soleil (fusion nucléaire, nucléosynthèse à chaud) à grand renfort de collisions sous vide et à haute énergie de particules envoyées à des vitesses démentes sur des cibles d'hydrogène dans les accélérateurs de particules (comme le LHC ou le Synchrotron); seuls ceux-là semblaient pouvoir espérer fabriquer de l'hélium sur Terre à partir des composants de son noyau.

C’était la vérité scientifique. Jusqu'à ce que...

Au printemps de 2017, deux individus louches, expérimentateurs indépendants, deux "chercheurs en garage" ou plutôt ici "en cuisine", ont eu l'idée bizarre et saugrenue de chercher de possibles modifications de l'atmosphère autour de graines en germination. De telles expériences, qui semblent ne devoir mener à rien, l'homme en a fait quelques millions depuis des siècles, et cela continue à notre époque, parfois pour de fabuleuses découvertes, le plus souvent pour rien en fait. Il se trouve que -merveilles de la technique!- les progrès de la technique -et notamment la miniaturisation des composants électroniques- ont permis de faire tenir dans un boîtier moins gros et grand que le bras un instrument de mesure très sensible détectant les fuites de gaz et ce pour plusieurs types de gaz. Ce genre d'appareil se comporte un peu comme un compteur Geiger (qui mesure, lui, la radioactivité) ou un radar de recul sur une voiture moderne: plus le signal est fort (c.à.d. ici: plus la concentration du gaz sélectionné est forte à proximité de la sonde), plus le son "bip-bip" émis par l'instrument est précipité, jusqu'à obtenir un son continu. Le gros avantage d'un tel fonctionnement est qu'il donne l'alerte plus rapidement et dans un plus vaste périmètre que la lecture d'un chiffre de mesure, sans même requérir l'usage du sens de la vue. Ce que ces deux chercheurs ont trouvé avec ce genre d’appareil n’est pas banal : c’est une concentration tout à fait anormale d’hélium dans des bols couverts où germaient des graines. Pas "un peu" anormale : des centaines à des milliers de fois plus que la normale! L'expérience a été faite avec soin, refaite et filmée(3). Les résultats sont chiffrés et probants: sans radioactivité de fission (fait vérifié au compteur Geiger), au bout d'une semaine de germination, les graines germées dégagent en permanence(4) de l'hélium, donnant des concentrations mesurées de 5‰ à 1,6% dans l'espace au-dessus des graines ; plus fort encore, la curiosité insatiable des chercheurs les a poussés à rechercher des « fuites » d'hélium dans les calices de fleurs ou derrière le bouchon d’une bouteille de vin et, là aussi, concentrations anormales! Donc, alors que les chercheurs en physique nucléaire dépensent des millions par centaines pour précipiter des particules en folles collisions dans l'espoir de créer une fusion (chaude), les deux gars en question semblent montrer une autre voie par une simple expérience que chacun peut refaire dans sa cuisine, le plus cher là-dedans étant la location (ou l'achat) de l'instrument de mesure (350€ la semaine de location).

 

Comment interpréter l'expérience ? Ni la chimie classique, ni la physique enseignée ordinairement, ni la biologie officielle d'aujourd'hui ne permettent la présence et le dégagement intense d'hélium dans les bols. Tout se passe comme si le végétal vivant faisait sous nos yeux ébahis des transmutations alchimiques d’origine biologique, donc « à froid ». A priori, le protocole expérimental étant des plus simples, aucune autre hypothèse n'est soutenable. Bien sûr, il faudrait, avant publication de la trouvaille dans une revue scientifique à comité de lecture, que l'expérience soit refaite par une seconde équipe indépendante et trouvant les mêmes données. En attendant, compte tenu de la rareté des sources connues (et accessibles) du gaz et de sa volatilité qui le rend difficile à contenir, celui-ci était (et reste) cher. Découvrir une nouvelle source abondante de ce gaz très utilisé serait donc susceptible de changer grandement la donne industrielle et commerciale sur ce marché. Cela, c'est pour les plus pragmatiques "réalistes".

Mais à côté de cela, d'un point de vue purement scientifique, la corroboration des expériences ainsi mises sous les yeux de tous par des équipes différentes et la publication d'articles dans des journaux dits "de référence" à comité de lecture par pairs serait un événement majeur car des résultats avérés remettraient en cause les schémas de pensée existants. Une autre théorie devrait nécessairement voir le jour et les conséquences en sont difficilement prévisibles mais malgré tout envisageables : transmutation généralisée, énergie à profusion (la fusion, même froide, crée de la chaleur), changement de paradigme social, de modèles scientifiques, anthropologique, cosmique etc. On se demande donc légitimement pourquoi aucune annonce de reprise de ces expériences n'a paru depuis... Mais deux autres aspects interpellent.

Premièrement vient la question du "pourquoi maintenant?". Certes, il aurait été difficile de faire cette découverte -présumée, restons prudents- avant 1868, date de première observation de l'hélium (solaire) par ses raies spectrométriques dans le flux lumineux de notre soleil, ou son isolation à partir de minéraux par voie chimique en 1895. Mais depuis tout ce temps, l'élément est connu, on a travaillé -y compris industriellement- avec l'hélium! Certes encore, les détecteurs de gaz rares sont d'un usage peu courant dans les cuisines. Mais dans les laboratoires? Combien de temps s'est-il écoulé depuis la création du premier détecteur de gaz portable utilisable par tout un chacun à coût raisonnable ? 40 ans!(5) OK, à l'échelle du monde ce n'est rien. Mais pendant tout ce même court laps de temps, on développait quand même la prochaine génération de réacteurs nucléaires, les bricolages génétiques, le séquencement du génome humain (et d'autres), la création de chimères biologiques, la généralisation d'Internet et du téléphone portable multifonction etc. Alors, manque d'intérêt pour un "petit" sujet ? Tous les IGNobels(6) sont là pour démontrer que ce ne peut pas être la bonne piste. Non, il semble qu'il faille supposer un auto-aveuglement de la recherche scientifique officielle tout entière. À cet aveuglement devant ce qui aurait dû crever les yeux à force d'évidence et de banalité (quoi de plus banal qu’une fleur offrant sa corolle au soleil?), deux causes peuvent être supposées: le partitionnement étroit des sciences et l'empreinte lourde dans les têtes du modèle scientifique en place. Le partitionnement d'abord car il n'est que trop évident que la spécialisation à outrance des matières scientifiques rend difficile la fécondation mutuelle entre la physique des gaz et la botanique ou entre la biochimie moléculaire et la physique des particules. Pour le modèle scientifique ensuite, il suffit de discuter cinq minutes avec un technicien de laboratoire ou un ingénieur des matériaux pour se rendre compte que, dans leur tête, certaines choses "sont impossibles, physiquement, scientifiquement". Le modèle a été vérifié tant de fois, tant identifié à la seule représentation possible du réel, que sa contestation par l'expérience est par avance exclue: le modèle ne peut pas se tromper. Il suffit de se rappeler quelques précédents fameux: Pons et Fleischmann(7), Louis Kervran(8), Jacques Benveniste(9) nous mettaient déjà la puce à l'oreille et c'est justement parce que leurs travaux remettaient en cause les dogmes qu'ils ont eu (et ont encore, il faut bien le dire) parfois tant de mal à convaincre de seulement refaire leurs expériences! De ce point de vue, Internet est une bénédiction car les expériences déconcertantes y trouvent une caisse de résonance, une chambre d'amplification qui contraint le monde scientifique à entendre, même si cela ne suffit pas pour pousser à agir pour comprendre... Il faut, hélas, vu la prégnance de l'esprit de profit, la pression d'un industriel qui y voit son intérêt pour inciter à élaborer un cadre théorique qui permettra l'inclusion du phénomène nouvellement observé et donnera de la prédictibilité aux travaux et, espère-t-on, des marges de gain supérieures. Une troisième cause se surajoute aux précédentes et éclaire d'un jour nouveau le problème : le mépris hautain ou l'ignorance négligente d'un grand nombre devant l'humble travail de la nature et la fine intelligence de ses processus. Du haut de sa science toute récente, l'homme moderne a grand mal à imaginer que la nature aurait encore à lui apprendre sur les fondamentaux de la vie. Chercher la transmutation, c’est bon pour les rêveurs d’alchimie, pas pour les vrais scientifiques! Mais les chercheurs ne se trouvent pas que dans les laboratoires…

 

Et ceci amène au deuxième aspect qui peut nous interpeller. Si un tel aveuglement a eu lieu (et se perpétue quelque peu) pour un aspect de sciences naturelles qui remet (seulement! pourrait-on dire) en cause le modèle scientiste existant, combien plus on peut comprendre que des visions réformatrices du modèle de développement humain et leur appui sur des bases de savoir "non scientifiques" (c.à.d. non reproductibles en laboratoire) soient méprisées du genre humain occidentalisé et formaté à l'extrême. Le nouveau dieu, c'est la science. Enfin, pas tout à fait, car il faut y rajouter le vieux dieu argent, l'éternel veau d'or qui « est toujours debout »(10)... Les gnostiques ont beau le clamer sur tous les tons et dans tous les continents, tous les 600 ans environ, l’idée de l’homme rené, l'homme qui s'extrait de la matière (considérée comme une tombe, littéralement) par la transmutation de son être est loin de provoquer l'enthousiasme des foules qui passent dans la vie, aveugles à leur moteur le plus intime, comme des automates. Quand il n’est pas détourné pour des motifs politiques et pour asseoir un pouvoir temporel, le message christique est très beau. Sans les affublements qui l’ont recouvert pendant presque vingt siècles, il rejoint dans son essence celle du bouddhisme de l’origine, lui aussi bien estompé sous les siècles, celle de la sagesse taoïste, peut-être la moins abîmée (en raison du caractère apparemment abscons de son expression?), celle bien sûr des disciples de Mani, diffamée, pervertie par ses exterminateurs, celle des Soufis, des Bogomiles, des Pauliciens et autres « bonshommes » cathares, frères de la Rose-Croix classique et de tous les gnostiques de tous les lieux et tous les temps : l’homme véritable doit naître d’une transmutation de son être biologique actuel. Que faut-il donc pour que tombe ce voile d’ignorance, de mépris, de bêtise satisfaite, d’orgueil et de peur? Qu’est-ce qui, en chacun, empêche la lumière d’advenir? Les traditions nous le disent : il nous faut boire jusqu’à la lie la coupe amère de l’oubli. Alors, du fin fond de la détresse peut se faire entendre la voix qui clame dans le désert depuis tant de temps. Alors surviennent des synchronicités qui font regarder d’un œil neuf ce qui semblait si bien connu. Un nouveau paradigme devient possible, qui finalement n’est pas si nouveau mais plutôt très ancien: aussi ancien que l’errance de l’humanité. Puisse cette épiphanie être bientôt vécue par les lecteurs de ce billet!

 

PhL

Copyleft.

Merci de garder la référence à l’auteur et au site d’origine : http://www.lecarredelasource.fr

 

 

2 Ceux qui préfèrent sauter le paragraphe correspondant trouveront sur http://fr.wikipedia.org un article « hélium » très bien fait et ne doivent en retenir qu'une chose : les scientifiques orthodoxes ne connaissaient jusqu'à présent que deux sources d'hélium, l'une sur le soleil et dans les étoiles en général, par fusion d'hydrogène à très haute température, et une sur la Terre, par désintégration radioactive d'éléments chimiques lourds de minerais fissiles.

3 Vidéo visible sur l’article d’origine de la webTV hym.media à http://hym.media/formation-dhelium-durant-germination-de-graines/ et sur YouTube : https://youtu.be/xbvxdKoHBWE (ou https://www.youtube.com/watch?v=xbvxdKoHBWE)

4 Si on découvre les bols (vu dans la vidéo de l’expérience, à partir du repère chrono 1h06mn00s), le gaz hélium, léger, s’échappe, mais si on recouvre le bol, dix minutes après, la concentration est remontée au niveau précédent.

5 Première utilisation industrielle d’un détecteur vendu sur le marché commercial pour de la chromatographie en 1976 (référence : https://en.wikipedia.org/wiki/Photoionization_detector#cite_note-2)

10 Référence : Air de Méphistophélès dans "Faust", de Gounod


Le 22 février 2017

Et voir le résultat…

Il peut sembler de tout repos, de mettre à l’ombre au fond d’un pot de confitu-u-ure. Ainsi chantait le poète1. Il parlait d’amour et de désir. Mais son propos peut être étendu : il peut sembler de tout repos de mettre au vote les propos-zitions divè-è-erses. Ainsi va la démocratie représentative. Et les gouvernements se succèdent qui, quand ils ne renient pas purement et simplement les promesses qui les ont fait élire (exemples récents), ne vont généralement pas jusqu’à accomplir la moitié de celles-ci. Vu trop grand ? Trop gourmands, les électeurs ?

Sommes-nous trop gourmands ? La question, que je laisserai de côté pour l’instant, mérite d’être posée mais, pour l’heure, un autre aspect m’interpelle : que nous ont donc « vendu » ces prétendants à la représentation populaire pour que nous ayons eu envie de les croire ? Je ne veux pas parler ici de tout ou partie d’un catalogue quelconque de mesures anticipées mais de la nature du projet (littéralement : « ce qu’on place en avant », pour le voir, l’exposer et s’en servir comme but et balise).

Faisant le tour des offres récentes sur le plan politique, j’y vois une ressemblance, une constante : avoué ou non, ce qu’on me « vend », c’est un projet de société. Capitaliste ou anticapitaliste, productiviste ou antiproductiviste, communiste ou individualiste, écologique ou industriel à tout crin , c’est à chaque fois une vision de la société future qui s’offre à moi. Encore faut-il bien sûr décrypter les messages et traduire les discours en s’affranchissant des effets d’ambition personnelle et des hypocrisies. Mais supposons que le discours soit authentique et le discours sincère, et propose effectivement une vision du futur, un projet de société. Dès lorsqu’un choix nous est offert, lorsque la vie demain, la vie en société à laquelle l’homme (fût-il une femme) est appelé par nature et nécessité, lorsque l’avenir donc dépend de nos choix, n’est-ce pas normal et logique, légitime ?

Un doute m’effleure…

Lisant récemment un entretien2 entre un journaliste3 et un auteur de livre juste paru4 en français, je m’avisai que le propos tenu sonnait fort juste : brodant sur le thème du livre (le djihadisme et son traitement par la société, media compris), les interlocuteurs arrivaient à la conclusion que le djihadisme était un symptôme d’un manque flagrant d’espérance. Faute de pouvoir trouver un projet qui anime en eux cette espérance tant nécessaire, les djihadistes la rechercheraient au seul endroit qui puisse encore la leur proposer, fût-ce au prix d’une profonde illusion : une religion, radicale de préférence. Triste constat de résultat pour l’occident.

Je me suis alors rendu compte que dans cette optique religieuse la société n’était pas un projet mais le résultat d’actions entreprises en vue d’un autre objectif que la réalisation d’une vision de la société à venir (du moins pour le croyant de base). Et je me suis posé tout d’un coup la question : et si nous avions tout faux ? Chacun connaît l’adage : aux yeux d’un fou, mêmes le paroles d’un sage sont folie mais aux yeux d’un sage, même les paroles d’un fou peuvent contenir de la sagesse. Et si, dans ce monde où tout, empiriquement, se change fatalement en son contraire et où l’homme démontre en permanence des qualités antagonistes, si donc il était judicieux non pas de chercher la réalisation d’une vision (processus actuel) mais de chercher une forme d’espérance comme l’accomplissement de l’être humain en société ? Peut-être alors pourrions-nous observer l’émergence d’une société, possiblement et même probablement mouvante dans sa manifestation sur le long terme, mais servant durablement une espérance fondée sur l’essence du cœur du projet : l’humain d’abord. Et il nous serait alors loisible de voir le résultat… Cela pourrait être ici et maintenant. En cela, les actions entreprises collectivement devraient suivre ce principe médical aujourd’hui souvent oublié : primum non nocere. D’abord ne pas nuire. Ne pas nuire, ne jamais nuire au principe essentiel qui fait que tout homme, femme ou enfant, handicapé ou non, jaune, noir, rouge ou blanc, jeune ou vieux, visiblement talentueux ou non, vertueux ou non est avant tout une vie en quête d’accomplissement de son expression. Cela commence chez soi, en soi, dans le voisinage immédiat et chacun peut trouver mille exemples d’actions éminemment locales et individuelles qui pourtant peuvent se tisser en commun et créer ainsi une société d’un genre nouveau. Alors... prêts pour le pari ? Prêts pour changer de disque, de musique, de programme ? Et voir le résultat… ?

 

Notes:

1 Georges Brassens, la non-demande en mariage

2 Gauche où est passée ton espérance ? Fakir, janvier 2017 (http://www.fakirpresse.info)

3 Fançois Ruffin, de la revue épisodique Fakir, « Journal fâché avec tout le monde. Ou presque »

4 Un silence religieux, par Jean Birnbaum aux éditions du Seuil, 2016; sous-titré: la gauche face au djihadisme (NB: Jean Birnbaum est directeur de la revue Le Monde des livres)

 

 

Le 22 septembre 2014

 

Brassens (Georges) chantait "le 22 septembre, aujourd'hui, je m'en fous". Le poète nous manque toujours, avec son oeil polisson et ses vers irrévérencieux. Du moins ne prenait-il pas la mort (fût-elle celle de ses amours) trop au sérieux, lui qui écrivait "Oncl' Archibald" en comparant la faucheuse à une "femm' de petit' vertu" qui fait le trottoir. La douleur vis-à-vis de la mort de ses parents elle-même se drapait dans le sourire: "l'orphelin" a ainsi la politesse du désespoir, qui est de continuer à rire, même le coeur gros. Tout le contraire du gros mélo. Aucune certitude pourtant pour ce "mécréant", qui suggérait que "Léon" pourrait bien apprécier sa place au paradis "si l'bon Dieu aim' tant soit peu l'accordéon". Alors, au moment des feuilles mortes et des décès en série autour de soi, proches ou lointains, sans doute vaut-il mieux écouter encore et à nouveau -et chanter- Brassens que plonger dans la mélancolie.


Celle-ci est très prenante dans le film "Le conte de la princesse Kaguya", vu récemment . Gros succès au box-office. Et pourtant, il laisse dans ma bouche un goût d'amertume, comme un fruit pas mûr et de robe trompeuse. En effet, quoi de plus magnifique que cet art du dessin si parfaitement maîtrisé par le vieux réalisateur (Takahata) copain de toujours de Miyazaki (Le château dans le ciel)?

Le film vous enchante le palais, les yeux, les oreilles, la peau (qui frissonne dans la pureté des élans de la jeunesse) mais se teinte progressivement d'une tristesse sans fond; celle des amours défuntes d'abord (l'amour perdu du petit ami de Kaguya, partie sans pouvoir le revoir pour "devenir une princesse"), celle des épreuves de la formation à la ville (future "princesse" avec beaucoup de devoirs et peu de joies), celle des illusions de l'amour des puissants (chaque prince prétendant est pris au piège de la déclaration très formelle de sa flamme pour Kaguya), et pour finir celle de devoir abandonner la Terre (sans accomplissement de son rêve d'amour) pour la Lune d'où la princesse finit par se rappeler qu'elle vient. Le seul amour qui est finalement glorifié, c'est ceui de l'enfant pour ses parents, ceux-ci étant trop aveugles pour offrir à l'enfant ce dont il a vraiment besoin. Traditionalisme bon teint du pays du soleil levant et du culte aux ancêtres.

Le conte tel qu'il est raconté par le vieux maître du dessin animé est rendu, nous dit-il, pour servir de "critique d’une époque matérialiste où l'on néglige les choses essentielles".

On aimerait être d'accord avec lui et lire dans ce film une aventure spirituelle: l'amour, la nature sont des sujets d'émerveillement quotidien pour qui a ouvert son coeur. Malheureusement, ces sujets sont rendus très "terriens", bien emmitouflés de gangue boueuse par la conclusion du film qui, si j'ai bien compris, se distancie sur ce point assez fortement du thème d'origine du conte: ici, la vie sage et pleine de lumière de l'être qui vient de la Lune chercher avec toute sa cour la princesse Kaguya et ressemble à s'y méprendre à une statue du Bouddha, est celle d'un personnage -ou pire, d'un système!- qui cause la tristesse et le malheur, que ce soit sur terre -où la princesse, exilée de la Lune pour avoir désiré autre chose, n'a pas pu trouver ni donner l'amour de façon durable- ou sur la Lune où la princesse, comme d'autres avant elle semble-t-il, gardera, malgré la gorgée d'oubli imposée avant le retour, la nostalgie d'une vie terrestre certes pleine de tourments, mais riche aussi des joies des âmes simples et des émerveillements possibles dans la nature, à deux mille lieues de la "vie" lunaire, mortellement ennuyeuse et qui plus est éternelle dans cet ennui!


Y a-t-il matérialisme plus trivial -bien que larvé et dissimulé- que celui-là qui prétend critiquer le matérialisme ambiant et ne fournit finalement à l'humanité qu'un rêve chimérique de bonheur purement terrestre? L'humanité actuelle avait-elle besoin de ce message, de ce film?

 

À l'opposé de cette triste expérience, j'ai aussi lu "Diagnostic incurable" (ISBN 2813205214) de l'indonésienne Anita Moorjani. Ce fut une grande joie de voir ainsi une femme témoigner de la puissance de l'esprit et de la possibilité d'une expérience spirituelle ici et maintenant pour tout un chacun. En effet, si cette femme est passée tout près de la mort (admise en coma à l'hôpital en phase terminale de cancer), elle témoigne avec force de l'expérience de mort imminente (NDE en anglais, pour Near Death Experiment) qui lui a permis de comprendre tout son itinéraire de vie et de la possibilité qui lui était offerte de revenir témoigner de sa nouvelle compréhension (guérison intégrale en quelques semaines) et ainsi servir l'humanité, et montre aussi que l'on n'est pas obligé d'aller aussi loin qu'elle dans l'auto-destruction.

Au moment où le monde entier recherche comment "vaincre le cancer", loin de toute spéculation et de toute théorisation elle apporte un autre éclairage -pas forcément nouveau pour tout le monde mais très lumineux- sur la nature de l'expérience humaine incarnée, sur les possibilités de l'être humain et sur les perspectives qui s'ouvrent devant l'humanité qui accepte de prendre conscience de sa nature profonde. Un soulagement et une réelle porte qui s'ouvre à la conscience, pour une vraie sortie du matérialisme.

Le champ des expériences humaines est décidément infiini...

 

 

 

Le 2 février 2014

 

Fête de la chandeleur. Bien sûr, les crêpes c'est sympa, c'est chaleureux, ces petits soleils en miniature (il y a même des taches!); ça permet de passer un bon moment, en famille ou avec des copains, surtout à la lueur des chandelles... On peut bien sûr aussi, utilement, se raccorder à wikipédia pour s'y remémorer que c'est à l'origine une fête de purification et une fête de la fertilité. Mais on peut aussi, se poser quelques minutes et repenser à un bon livre que l'on vient de finir et qui vous a marqué. Pour moi, c'était "Soufi, mon amour", un roman d'Elif Sharak. Celles et ceux qui connaisssent déjà cette écrivaine turque contemporaire auront peut-être déjà lu "La bâtarde d'Istambul". Moi pas. Pas encore. Car avec ce roman qui m'avait été offert à Noël, j'ai reçu un des plus beaux cadeaux de ces dernières années et cela m'a donné envie de découvrir d'autres perles de la même origine. En bref, c'est l'histoire d'une américaine moyenne, mère d'adolescents et ménagère de 40 ans qui découvre un univers de roman historique (un roman dans le roman) et va suivre désormais une autre route que celle qu'elle s'était tracée. En parallèle on découvre, au travers du roman qu'elle lit et dont les chapitres s'entremêlent avec ceux qui nous la font suivre dans sa bouleversante évolution, la rencontre d'un grand mystique du 13ème siècle, Rumî, et de son ami de coeur, Shams de Tabriz, un derviche errant, un soufi. Chaque chapitre porte le nom d'un personnage du roman (ou plutôt des deux romans, puisqu'il y a roman dans le roman), et le chapitre porte la réalité du moment vue à travers ses yeux à lui. D'où un intéressant jeu de miroir entre, d'une part, l'américaine, son mari, ses enfants, et l'auteur du roman qu'elle lit à notre époque, et d'autre part, au treizième siècle, dans le roman qu'elle lit, entre Shams, le maître chez qui il attend de connaître sa destination, le novice de ce maître, Rumî, sa femme, ses enfants, et divers autres personnages clés du drame qui va se jouer après la rencontre de Rumî et de Shams. Et bien sûr, un point de vue inégalable sur la foi soufie, la lecture spirituelle du Coran, et l'occasion de se rendre compte une fois de plus que si la spiritualité se moque des frontières et des barrières dogmatiques des religieux plus ou moins obtus, la bêtise et l'aveuglement sont de toutes les époques, sans pouvoir toutefois empêcher totalement la lumière de briller et les naissances spirituelles d'avoir lieu là où elles doivent... Je suis sur un petit nuage. Quel est le prochain coeur que ce roman pourra enflammer?

 

PS: il semble que le CD écouté en décembre et dont j'ai fait l'écho en janvier doive être recherché comme l'entretien sur le livre d'Annick de Souzenelle  "Jonas - Nous sommes coupés en deux". Je n'ai pas vu le rapport avec le titre du livre mais sans doute il y en a un... Sur le site de Suzanne Renardat qui a recueilli beaucoup de conférences d'Annick de Souzenelle, on trouve

  • Jonas dont le nom veut dire la "colombe" soit le symbole de la lumière, est aussi le héros d'un mythe qui devra vivre une rude étape de ténèbre dans le ventre d'un grand poisson pour y chercher la lumière.

Peut-être une indication sur le chemin intérieur que doit suivre tout être humain!

 

 

 

Le 20 janvier 2014

 

En continuant à rechercher le lieu où l'on pourrait obtenir légalement l'enregistrement que j'ai évoqué ci-dessous, j'ai trouvé le site YouTube où ont été chargés (en cinq morceaux) les plages du CD écouté, sous le nom "Entretien avec Jean Moutappa", et sur le site d'Annick de Souzenelle elle-même, des enregistrements audio et vidéo; en écoutant là l'entrevue proposée par France Culture dans l'émission de Frédéric Lenoir "Les racines du Ciel", au sujet du livre qu'elle a publié en 2013, "Va vers toi!", j'ai pris connaissance d'un lien qui me semble très intéressant et que je vous livre:

Baglis TV

Une Web TV qui met à disposition du grand public le monde de la spiritualité (tables rondes, Interviews, conférences) à travers 3 entrées : Corps / Âme / Esprit.

En ligne : La conférence d' Annick de Souzenelle "Les neuf premières lettres hébraïques et l'Ennéagramme"

baglis.tv

Une télé sur le ouaibe, indépendante (et donc payante, eh oui! Mais certaines choses sont offertes quand même...), où l'on parle -enfin- de spiritualité! Comme quoi, il reste encore plein de belles choses à découvrir à l'extérieur pour trouver confirmation d'un chemin intérieur...

 

 

 

Le 13 janvier 2014

 

J'ai vécu récemment un grand moment. Cela s'est passé tout simplement en voiture, pendant un des covoiturages que j'effectue régulièrement. Le pilote a proposé l'écoute d'un disque. Pas de musique sur ce disque! Par contre, la voix chaleureuse qui s'élevait avait cet enthousiasme particulier des grandes âmes qui prennent plaisir à partager ce que leur chemin leur a fait découvrir. Cette voix, c'était celle d'Annick de Souzenelle. Ce nom, je le connaissais. Ayant fureté ici et là depuis tant d'années, je ne pouvais pas ne pas être tombé dessus. Par contre, bizarrement, je n'étais jamais allé à une conférence, n'avais jamais visité son site ni lu ses livres, ni appris que certains enregistrements d'entrevues ou de conférences étaient disponibles sur Internet et sur CD.

L'entendre parler dans cette occasion des jeunes êtres et de leur aspiration, si manifeste, à une élévation, de ce qui manque si souvent dans leurs bases de formation, des possibilités infinies de l'être humain, des messages contenus dans la Bible à ce sujet (la Torah et l'approche ésotérique de son commentaire, la Kabbale) fut un émerveillement. J'ai réécouté depuis cet enregistrement et ce fut une nouvelle source de joie: cette grande dame de la théologie judaïque sait visiblement de quoi elle parle quand elle évoque les figures d'Adam et d'Eve comme des archétypes que tout être humain -homme ou femme- doit incarner, quand elle propose de dépasser la notion d'arbre de la connaissance du "bien et du mal" -'traduction, trahison' comme dit le dicton italien!- et propose une lecture plus conforme au texte d'origine: un arbre de la connaissance de "l'accompli et de l'inaccompli"...

C'est toute une autre vision de l'homme et du monde qui se dévoile progressivement, et qui invite à l'approfondissement de ce que nous croyons savoir. Mon coeur de gnostique était tout réjoui! C'est tout le bonheur que je vous souhaite en ce début d'année que de la découvrir ou la redécouvrir! D'ailleurs commencer ce quasi-journal un 13 janvier avec elle n'est-il pas un excellent signe? Bonne année et à bientôt!

Ceci est le "blog" des animateurs du Carré de la Source. Mis à jour au fil de l'eau, sans périodicité annoncée, il vous invite à revenir souvent, pour prendre connaissance de ce qui nous a émus...

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